couverturede Fabrice Caro

Après la lecture de Zai Zai Zai Zai, le discours est très vite arrivé dans ma pile de livres à lire. Mais la pile grandit encore et toujours, bien plus vite que mes lectures ne la font descendre et le discours est longtemps resté uniquement au stade de vague désir.

Ma mère lit beaucoup et comme je ne me vois pas lui offrir des encyclopédies, j’essaye de trouver des livres qui pourraient lui plaire. Quand je choisis des livres spécifiquement pour elle, d’après mes a priori, je tombe juste un peu plus d’une fois sur deux. Généralement elle me conseille vivement ceux qu’elle a aimés. Donc je mets ces livres dans ma pile de livres à lire, mais ils passent après ceux que j’ai moi-même déjà envie de lire donc je remplis mes bibliothèques de livres à elle tout en la frustrant puisque je traine et qu’elle aimerait bien qu’on puisse échanger sur ces livres et je le comprends donc ça me frustre mais je vais quand même pas faire passer un fakir bloqué dans un meuble Ikea avant Hamlet. Et en même temps, Hamlet, c’est pas si simple à lire, autant lire une bd avec des patates qui disent des saloperies…

Alors pour son dernier anniversaire (et pour noël et probablement pour son prochain anniversaire) j’ai trouvé une solution, je ne cherche plus les livres qu’elle pourrait aimé dans les rayons préférés des ménagères, je cherche les bouquins auxquels elle pourrait accrocher dans ma liste de livres à lire. Étonnemment, avec cette solution, je suis tombé juste à chaque fois. Maintenant, ma mère lit du Ursula K. Le Guin plutôt que du Marc Levy, ce n’est pas forcément un mal.

Et à force d’entendre ma mère rire de façon compulsive dès qu’on parle du discours (ou juste à l’évocation de Fabcaro) et me dire que je devrais le lire car il devrait me plaire (« Oui, bah je me doute bien, c’est pour ça que je me le suis — que je te l’ai ! — offert, maman ! »), j’ai fini par me dire qu’il fallait remonter celui-ci un peu plus haut dans la pile.

J’ai aimé lire ce bouquin, mais j’ai beaucoup de mal à en faire une critique. Les déboires d’Adrien m’ont fait rire. Et en même temps, avec tous ses petits défauts et ses petites lachetés, j’ai aussi reconnu certains travers qu’on a tous plus ou moins et j’ai fini par m’attacher à lui, presque à être ému par son histoire parce que je me reconnais des fois un peu ou je reconnais un proche. Nan faut pas exagérer, c’est surtout amusant de voir la dichotomie entre son comportement obsessionnel en pensée et son incapacité à agir. Mais quand même, c’est pas juste drôle.

Ça se lit vite puisque c’est ultra court et découpé en chapitres minuscules, qu’on peut dévorer en quelques instant, on peut donc s’arrêter comme on veut, du coup on en lit encore un, puis bah, encore juste un dernier… ou deux, trois, de toute façon les chapitres sont courts donc j’arrête quand je veux.

Si niveau littéraire, il n’ y a pas grand chose à dire, puisque c’est une rumination, c’est quand même une rumination amusante et intelligemment écrite avec ses sujets qui se connectent de façon inattendue ou reviennent de façon obsessionnel. Donc y a pas rien à dire quand même.