de Philip K. Dick :
Mc Fly dans la matrice sous amphétamine
Lire un livre de science-fiction 50 ans après son écriture peut être
particulièrement déroutant… Les premières dizaines de pages sont
relativement étranges à lire, en particulier parce que Philip K. Dick y
intègre énormément d’objets futuristes qui semblent aujourd’hui très
rétro. Petite liste non exhaustive, dans les 30 premières pages nous
trouvons : aspirateur avec batterie à hélium, vid-phone, table en
néo-teck, homéojournal, robot encaisseur de loyer, répondeur
homéostatique, conapt (pour appartement), un téléphone miniaturisé…
Ajoutez à cela certaines remarques qui peuvent faire penser à un sexisme
années 60 et quelques objets qu’il semble absurde de citer dans un livre
de science fiction (tabac à priser par exemple), vous comprenez vite que
l’auteur et vous n’êtes pas exactement de la même génération. Dans
Dracula, j’avais trouvé
amusant de voir le Brandi régulièrement
cité comme remède, 70 ans plus tard ce sont les amphétamines qui
tiennent le même rôle dans Ubik. Pour ceux qui l’ignoreraient, l’auteur
en consomme très régulièrement, à cette époque elle n’était d’ailleurs
pas classée comme stupéfiant. Pour en finir avec les réflexions sur les
différences générationnelles, on notera que l’auteur dénonce le racisme
ordinaire des années 30-40.
Philip K Dick est un très très bon écrivain et une fois le décor posé,
il vous plonge dans son univers, vous oubliez complètement le décalage
temporel entre son écriture et votre lecture, pour vous plonger dans son
récit. Vous ne comprenez pas où il vous emmène, vous comprenez juste que
vous voulez le suivre, vous immerger dans son roman, comprendre et
analyser ce qui arrive à Joe Chip, le protagoniste principal du roman,
piégé dans une régression temporelle suite à une explosion lors d’une
mission visant à neutraliser précogs et télépathes.
J’avais vraiment adoré Substance Mort et Minority Report, cela fait
donc un nouveau roman de Philip K Dick que j’apprécie pleinement.
Dans le futur décrit dans le roman, toutes les machines, mêmes
personnelles (de la cafetière à la porte d’entrée), nécessitent une
pièce de monnaie pour fonctionner. Ceci amène parfois à des situations
grotesques très amusantes. Joe étant toujours à court de monnaie,
tentant de négocier avec sa porte d’entrée me semble être à la fois très
drôle et critique de notre société de consommation.
Détail anecdotique qui m’a amusé, je pense que c’est la première fois
que je trouve dans une même page des références à Platon et à Winnie
l’ourson.