de Philip K. Dick : Vous reprendrez
bien une dose de schizophrénie…
Il y un an j’avais tenté de lire Substance Mort. Après un cinquième du
livre, je ne comprenais plus qui était qui, quels personnages étaient
déjà connus, lesquels ne l’étaient pas,… j’avais perdu le fil.
Estimant qu’un livre mélangeant agents doubles, drogues et
schizophrénie était peut-être quelque peu complexe à suivre j’avais
alors préféré le mettre de coté. Mais après tout je ne suis pas trop
idiot, il n’y a pas de raison que je n’arrive pas à lire ce bouquin !
Je retente l’expérience, cette fois je suis averti qu’il va falloir
bien suivre. On dit qu’un homme averti en vaut deux, apparemment cela a
été le cas pour moi ici puisque je n’ai jamais été perdu, je n’ai pas
du tout retrouver de passages pouvant démotiver ma lecture.
Dans les éditions que j’ai achetées de La guerre des mondes
et de Peter Pan les préfaces dévoilent certains passages importants de
la fin. Ici c’est carrément sur la couverture que Folio SF estime
pertinent d’écrire « N’espérez pas de happy end ». Tout au long de la
lecture cette phrase perturbe, intrigue, gène… pourtant elle n’a
aucun intérêt, la fin est impossible à décrire sans dévoiler l’intrigue
mais en aucun cas cette phrase ne peut s’appliquer. Non pas qu’il y
ait ou non un happy end, la fin est comme elle est et en lisant le roman
vous comprendrez pourquoi cette phrase n’a aucun sens, aucun intérêt.
La courte note de l’auteur en fin d’ouvrage quant à elle est loin
d’être inutile. Fortement intéressante elle est de plus
particulièrement touchante.
Coté roman, Philip K. Dick nous livre ici une histoire d’infiltration
très bien écrite, très bien pensée. Fred travaille incognito comme agent
des stups. Ses supérieurs lui demande de surveiller Bob Arctor, un
toxicomane accro à la Substance Mort. Une difficulté que rencontre Fred
est que Bob Arctor et lui ne font qu’un. De plus, sa dépendance à la
drogue l’enfonce chaque jour un peu plus dans la schizophrénie et la
paranoïa. Les dialogues hallucinés des protagonistes complètement
défoncés sont particulièrement géniaux, ajoutez à cela des doubles-jeux,
une intrigue bien ficelée et des réflexions sur la dépendance et la
perte de ses proches, vous obtenez un véritable chef d’œuvre.
En plein milieu de ma lecture, je suis tombé par hasard sur un article
du Monde sur l’oxi.
J’ai évidemment tout de suite fait le parallèle entre la Substance Mort et cette drogue.
J’ai été particulièrement choqué de constater que la réalité est pire
encore que la fiction. Morceaux choisis :
Dès la première bouffée, qui agit sur le cerveau en quelques secondes,
l’”effet oxi” est foudroyant, et l’addiction souvent
immédiate.
Les dégâts physiques et mentaux surgissent rapidement : maux de tête,
vomissements, diarrhées, abattement, angoisses, paranoïa.
Dans les vieux quartiers du centre de Rio Branco, sa capitale, les
gamines droguées se prostituent dès l’âge de 8 ans, rapporte un
chercheur local, Alvaro Augusto Andrade Mendes. Faute de drogue, les
enfants se préparent un “thé” avec le liquide des piles
alcalines.