de Thomas C. Durand
Après avoir explicité l’ensemble des sources d’ambiguïtés pour les
éviter, ne reste alors plus qu’à décortiquer les idées. C’est ce que
propose ici Thomas C. Durand avec brio, profitant de plus, de
l’occasion, pour expliquer les mécanismes qui nous induisent parfois en
erreur, ce qui nous évitera alors peut-être de tomber à nouveau dans ces
pièges que le cerveau semble vouloir nous jouer.
À peine le livre fini, j’ai déjà envie de le reprendre en main.
J’aimerais pouvoir en assimiler complètement le contenu. Je sais que je
le lirai à nouveau, j’espère pouvoir faire en sorte que ma façon de
penser profite pleinement de l’ensemble des connaissances développées au
fil des chapitres. J’ai vu les vidéos de La Tronche en
biais, le
livre ne m’a pas semblé une redite pour autant, étonnant puisqu’il
s’agit des mêmes textes, compréhensible puisque j’ai vu les vidéos il y
a déjà quelques temps. Les épisodes étant parfois très denses, il est
intéressant d’avoir accès à un format papier qui permet, pour moi en
tout cas, de mieux assimiler certains contenus.
Pour être complet, je dois tout de même admettre que le livre n’est pas
sans défaut, je les estime pour ma part aux nombre de deux (que j’admets
très subjectifs):
- Puisqu’il s’agit en partie d’une réutilisation des scripts de
l’émission « La tronche en biais », j’aurais aimé une illustration
présentant les deux personnages, en préface ou en quatrième de
couverture.
- Certains passages sont assez complexes, il m’a fallut quelques
relectures pour saisir certains paragraphes. En particulier, le très
intéressant chapitre 16, dont la page 191 (avec la citation de Carl
Gustav Jung) m’a semblé incroyablement obscure. Lue encore, relue et
lue, rien à faire, son sens m’est resté inaccessible.
Le chapitre 7, démontant en quelques pages le célèbre paradoxe de l’œuf et de la poule,
donnant une réponse qui devient alors une
évidence est délicieux. La plupart des chapitres, sont l’occasion de
décortiquer des questions de façon non manichéenne, apportant un recul
bienvenu, des explications parfaitement explicites, documentées et
référencées. Certes, cela n’est pas toujours facile à digérer mais c’est
incroyablement enrichissant. Le chapitre 23 « Le sexe, le genre et les
biais cognitifs » est un parfait exemple de cette qualité.
Incroyablement riche, il permet non seulement de comprendre à la fois
ceux qui défendent et ceux qui abhorrent la “théorie du genre”
mais surtout permet de prendre énormément de recul sur un sujet complexe
et clivant, comme sur des sujets annexes (l’essentialisme en
particulier).
Le dernier chapitre est un appel à la bienveillance et à l’humilité, car
nous ne devons jamais oublier que nous sommes tous victimes de biais,
sur un sujet ou un autre. Un chapitre intelligent que j’ai écorné (j’ai
écorné plusieurs pages mais sur la fin, j’ai écorné les chapitres,
c’était plus pertinent). Dommage que mon marque-page précédait cet
ultime chapitre de quelques pages lorsque ma belle-sœur m’a défié de
démontrer que les citrons momifiés par un magnétiseur, qu’elle me
montrait en photo, ne sont pas une preuve indiscutable que les
magnétiseurs ont un pouvoir que la Science est incapable d’expliquer.
J’ai beau savoir depuis quelque temps déjà qu’il est inutile et contre productif de s’emporter, je n’ai pourtant
pas réussi à faire preuve d’humilité (du tout).
Ma lecture est alors devenue un chouette boomerang, le retour de bâton bien mérité.
C’est une façon d’apprendre et de progresser.
Un livre passionnant. À lire, relire et offrir.
Si l’on prend le titre au premier degré, je connais parfaitement la
réponse : dès la lecture de la couverture. Du moins, c’est la réponse
que m’inspire la tête de ma voisine dans le car, il semble qu’elle ait
été biaisée dès la lecture du titre.