couverture de Pierre Boulle : Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend la relativité générale

Je me suis surpris, au début du roman, à me demander si un mot était un choix de l’auteur ou du traducteur (des personnages parlent « français » par exemple), tellement j’ai l’habitude de lire des romans de science fiction traduits de l’anglais. Pour une fois que l’auteur et les protagonistes sont français, ne boudons pas notre plaisir.

L’histoire globale est assez connue. Il y a eu de très nombreuses adaptations ciné depuis la sortie du livre en 1963, même si aucune d’entre elle ne reprend complètement le récit original, le principe reste le même : des humains se retrouvent sur une planète où les singes sont l’espèce dominante et les hommes des animaux.

Ce qui m’a amener à lire ce roman est assez peu commun. J’ai vu la version de Tim Burton en 2001, je ne l’ai pas détestée mais je ne l’ai pas tellement aimée non plus, surtout sur le coup. La fin m’avait laissé particulièrement perplexe et l’ensemble du film était assez plat à mon sens, surtout pour un fan de « Batman le défi », « Beetlejuice » et « L’étrange Noël de Mister Jack ». Pourtant avec le recul, je comprends mieux toute la virulence du message. Il y a peu j’ai vu « La Planète des singes : Les Origines » que j’ai oublié très vite, le film est sympa mais sans âme, comme beaucoup de productions hollywoodiennes, trop formatée peut-être, tout est tellement convenu, l’impression que toute réflexion est pré-mâchée… Dans un coin de ma tête, je continuais à être hanté (oui vraiment, je crois que c’est le bon mot, hanté !) par la fin du film de Burton.

Spoil film de burton :

À la fin de ce film, le héros retourne sur Terre et se retrouve face à une civilisation exactement similaire à la notre mais où les singes remplacent les humains. Certains commentaires sur internet expliqunt que Burton montre ainsi que le protagoniste principal à changé de regard sur le genre humain suite à ses aventures et qu’il ne fait alors que constater que sur Terre (non plus dans le film mais dans le monde réel), les humains ont des comportements qui pourraient être qualifié de primates. Une façon de critiquer l’animalité de l’homme, en somme…

Un jour, j’entends sur France Cul, une personne expliquant que la fin de Burton est celle qui se rapproche le plus du livre. Je pense alors que la solution pour mieux comprendre cet univers et pour me débarrasser de cette obsession qui me revient en tête régulièrement, est peut-être de passer par le livre. J’avais peur d’avoir trop les images d’un des films en tête pendant ma lecture mais finalement, non. Tant mieux car c’est très pénible comme sensation, ça vous le fait vous aussi ? Chaque film s’inscrit et critique sa propre époque (le film de 67 le nucléaire ; celui de Burton, les armes à feu ; Les Origines, bah euh c’est un chouette divertissement, bon j’exagère mais vous avez compris l’idée), le livre critique également à tout va la société humaine. Tout le monde en prend pour son grade et c’est finalement le livre qui m’a le plus touché. Non pas parce que je travaille dans un milieu scientifique et que les scientifiques en prennent pour leur grade (et pas seulement ceux qui pratiquent des expériences sur des singes, ce qui est assez évident) mais tout ceux qui ont des comportements dogmatiques, entre autre d’ailleurs. En fait,…

Spoil livre :

la raison pour laquelle les singes dominent la planète Soror est révélée assez tardivement dans le livre mais c’est une très belle critique de notre société, j’ai particulièrement apprécié cette idée, cette façon d’amener cette réflexion. La domination de la société par une espèce imitatrice suite à la résignation de l’humain et sa paresse intellectuelle. Quel message pourrait mieux donner envie de poser sa télécommande, ouvrir un livre ou un cahier ?

Certes les films apportent chacun leur propre regard mais je me sens moins touché par le message de Tim Burton (celui qui m’a le plus touché pourtant), peut-être parce que son message était peut-être plus adressé aux américains, que par le message du livre de Pierre Boulle, le regard qu’il nous apporte ici, me semble plus universel.

J’ai commencé ce livre dans le but de mieux comprendre un univers, j’en ai finalement grandement apprécié la lecture.