couverture de Voltaire

Si seulement j’avais pu comprendre ce texte lorsque j’étais censé le lire en 3e, si j’avais eu plus tôt la maturité nécessaire pour interpréter le propos de Candide… Mais je n’aimais pas lire. Pourtant, Candide — et en particulier cette édition (Hachette éducation) truffée d’analyses, renvois et commentaires — m’aurait aidé à structurer ma pensée, ma philosophie. C’est donc avec plus de 20 ans de retard que je me délecte des pensées et critiques de Voltaire. Un conte auquel je n’aurais rien entendu sans les explications de l’éditeur et que je n’aurais pas même lu sans la lecture préalable d’”Illusions dangereuses” dans laquelle j’ai été mis au fait de la théodicée de Leibniz. Un conte qui m’a fait rire, m’a fait réfléchir, m’a diverti.

Après avoir lu le terriblement stupide Signe de vie, j’ai apprécié de ne point être pris pour un idiot à qui tout doit nécessairement expliqué. Dès la deuxième page, j’ai rit en lisant :

Un jour, Cunégonde, en se promenant auprès du château, dans le petit bois qu’on appelait parc, vit entre des broussailles le docteur Pangloss qui donnait une leçon de physique expérimentale à la femme de chambre de sa mère, petite brune très-jolie et très-docile. Comme Mlle Cunégonde avait beaucoup de disposition pour les sciences, elle observa, sans souffler, les expériences réitérées dont elle fut témoin ; elle vit clairement la raison suffisante du docteur, les effets et les causes, et s’en retourna tout agitée, toute pensive, toute remplie du désir d’être savante, songeant qu’elle pourrait bien être la raison suffisante du jeune Candide, qui pouvait aussi être la sienne.