de Émile Ajar :
J’étais censé lire « La vie devant soi » au collège mais j’étais suffisamment malin pour que personne ne voit que je n’ouvrais pas les livres que je regrette de n’avoir pas lu plus tôt. Il y a peu j’ai été intrigué par l’histoire d’Émile Ajar alors j’ai fouillé dans ma bibliothèque.
J’ai été happé par le phrasé hallucinant de Momo, narrateur, fils de pute d’une dizaine d’années. Dès les premières lignes tout est là :
Madame Rosa, avec tous ces kilos qu’elle portait sur elle et seulement deux jambes […] Pendant longtemps, je n’ai pas su que j’étais arabe parce que personne ne m’insultait […] Il était déjà très vieux quand je l’ai connu et depuis il n’a fait que vieillir
Sans ces petites phrases délicieuses (une que j’aime beaucoup :
Je suis beaucoup trop vieux pour me marier, disait Monsieur Hamil, comme s’il n’était pas trop vieux pour tout
) que l’on trouve partout et jusqu’au bout, je n’aurais peut-être pas accroché car il faut admettre qu’il ne se passe pas grand chose et on ne reste évidemment pas pour le suspens. Pourtant, impossible d’arrêter, on tourne les pages, non pas pour savoir ce qui ne va, de toute façon, pas se passer, on reste parce qu’on s’attache, parce qu’on aime Momo comme il aime Madame Rosa, parce que sans s’en rendre compte on s’est laissé emporté petit à petit par la vie de ces personnages et parce que finalement, on est pris aux tripes à l’idée de lâcher ce petit bonhomme.