d’Edward Snowden
Depuis ses révélations en 2013, j’ai toujours été fasciné par Edward Snowden que je considère comme un héros, quelqu’un qui à sacrifié énormément pour le bien commun. J’avais déjà vu énormément de vidéos et d’interviews à l’époque, mais lire ce livre permet d’avoir une vue plus globale sur ce qu’il lui a fallu endurer et être prêt à faire.
Mémoires vives est d’abord l’autobiographie d’Edward Snowden. Plusieurs passages m’ont fait sourire et si d’autres semblent anecdotiques, je pense qu’ils permettent de mieux saisir la suite du texte ainsi que d’expliquer au moins en partie ce qui l’a poussé à agir comme il l’a fait. Certains passages permettent aussi à Edward d’insister sur son patriotisme et celui de sa famille, je suppose que le but est de répondre à ceux qui ont estimé qu’il a agi contre les États-Unis d’Amérique.
On passe ensuite à une partie qui pourrait faire penser à un roman d’espionnage saupoudré de quelques explications. Je n’ai pas l’impression que le propos soit complexe à comprendre, même pour une personne qui n’a jamais entendu parler de cryptographie ou de déduplication. Comment faire fuiter des informations lorsque cela met votre vie en jeu et que la sécurité informatique risque à tout moment de vous dénoncer, comment dénoncer un complot mis en place par vos supérieurs hiérarchiques lorsque ceux-ci peuvent à tout moment vous faire enfermer à vie… on a là tous les ingrédients d’un parfait polar ! Parmi les explications, le chapitre 16 permet de relativiser les affaires Huawei (Incroyable les Chinois nous espionnent !!!) alors qu’on devrait tous être conscients que lorsqu’on achète une technologie réseau étrangère, qu’elle soit chinoise, américaine ou autre, on ne fait évidemment que choisir qui nous espionnera (rien de révolutionnaire dans ce propos mais je trouve cela intéressant de le souligner tout de même).
J’apprécie qu’à la fin du livre (avant-dernier chapitre) la parole soit donnée à Lindsay Mills, la petite amie d’Edward Snowden au moment des révélations. Avoir son ressenti des événements, savoir ce que la situation a impliqué pour elle, me semble très intéressant. Dans ce chapitre et le suivant, j’ai trouvé plusieurs passages particulièrement émouvants.
D’un point de vue littéraire, rien de bien extraordinaire, quelques tournures de phrases sont alambiquées, probablement des traductions un peu hâtives, mais dans l’ensemble ça se lit vite et facilement.
En 2013, j’étais honteux de constater que mon gouvernement n’avait pas proposé l’asile à Snowden (si la loi ne le permet pas, il faut changer la loi pas se cacher derrière cette excuse !), j’ai toujours estimé qu’un président américain qui ne gracie pas un tel citoyen ne peut pas être considéré comme bon. Un peu moins de 10 ans après avoir fait la une de tous les journaux pendant des jours, je suis surpris et un peu déçu de constater que beaucoup de monde a oublié qui est Edward Snowden (j’ai fait le test dans mon entourage hors informaticiens, peu de gens sont capables de me dire de qui il s’agit) alors que pour ma part j’estimerais légitime d’ériger des statues à son effigie, de donner son nom à des rues et des bâtiments (comme Aaron Swartz ou Alexandra Assanovna Elbakyan d’ailleurs).
Mon avis sur cette autobiographie est donc probablement un petit peu partial. Je m’en vais de ce pas montrer à mes fils Citizenfour, le film documentaire de Laura Poitras sorti en 2015.