de Stefan Zweig : Lettres d’un humaniste impénitent
Première bonne impression : bien que le format soit de poche (une cinquantaine de pages dans un tout petit format), l’édition est originale avec sa jaquette pliable sous forme d’enveloppe et de qualité est très appréciable (pages cousues). Lire des courriers qui ne nous sont pas destinés me semblait a priori quelque chose d’un peu étrange, mais ayant apprécié la lecture du Joueur d’échecs, j’ai pensé qu’il serait intéressant d’en apprendre un peu plus sur l’auteur, présenté comme humaniste et pacifiste.
On commence la lecture par des lettres écrites un peu avant la première guerre mondiale. Y lire l’optimisme (ou la naïveté) de Zweig sur les relations franco-allemandes m’a fait sourire, dans un premier temps, car il est aisé, au XXIe siècle de prédire les événements du XXe…
Dans un second temps, le parallèle avec l’actualité saute aux yeux et la lecture me bouleverse alors bien plus : la montée des nationalismes, les prises de pouvoirs de populistes extrémistes, la polarisation des idées, les conflits interétatiques actuels qui prennent des tournures dramatiques et pourraient bien se mondialiser… S’il y a quelques années, on m’avait dit d’investir massivement dans l’armée en prévision des conflits à venir, n’aurais-je pas été au moins aussi optimiste et naïf que Zweig ? Le spectre de la guerre, les restrictions d’énergies ou les pénuries de certains aliments n’avaient jamais vraiment été concrets dans mon esprit. Jusqu’à aujourd’hui, les deux conflits mondiaux m’ont toujours semblé horribles mais à distance car vu à travers les cours d’histoires, documentaires ou films. Sans l’actualité, j’aurais probablement eu l’impression de lire les correspondances d’un auteur du siècle précédent au cœur de guerres jaunies par le temps, l’actualité m’a donné l’impression d’être projeté dans le contexte de l’époque et m’a permis une bien triste mais intéressante immersion.
Même si une ou deux fois les mises en contexte donnent une petite impression de répétition, elles restent primordiales et particulièrement intéressantes pour appréhender ces lettres. En seulement quelques pages, je me suis attaché à Zweig et j’ai été assez surpris d’être plutôt ému par sa vie.