Il y a un an et demi − je ne connaissais pas e-penser ou Scilabus… − j’ai voulu faire quelques vidéos de vulgarisation scientifique. La construction d’un épisode était la suivante :
- Introduction stupide : N’ayons pas peur de passer pour deux cons,… C’est pendant ou à la fin de l’introduction que l’écran titre apparaît.
- Monologue : un monologue scientifique de 90 secondes
- Absurde : Réaction de mon acolyte souvent décalée.
J’ai écrit 3 épisodes. Les collègues, les amis, la famille trouvaient les textes intéressants, les gags amusants, le concept sympa. J’en ai tourné 2, j’en ai monté 1 et j’ai considéré que la qualité était suffisamment bonne pour ne pas diffuser ces vidéos. Sur le papier, le concept était sympa mais en live c’était juste horrible : jeu d’acteur bidon, monologue beaucoup trop dense, mauvais éclairage,…
Je vous épargne les gags, vous n’aurez pas non plus les animations explicatives ou les annotations, voici les monologues que j’avais rédigés :
Big Bang
Il y a un petit peu moins d’un siècle, Alexandre Friedmann puis indépendamment Georges Lemaître ont proposé l’hypothèse d’un univers en expansion pour résoudre la relativité générale d’Albert Einstein. Cette théorie sera nommer bien plus tard « théorie du Big Bang » par un de ses détracteur, ce qui donnera faussement l’idée d’une explosion, idée qui persiste encore de nos jours. Confrontons l’idée d’un univers non figé à l’observation :
Premièrement, si l’univers se dilate alors la lumière qui le traverse l’est aussi, cela signifie théoriquement que la lumière émise par les objets lointains deviendrait relativement plus rouge en traversant l’univers. Il se trouve qu’en 1929, Edwin Hubble observe ce décalage lors de ses mesures de distance de galaxies. Il établira alors que les galaxies s’éloignent les unes des autres à une vitesse proportionnelle à leur distance.
Deuxièmement, s’il y a une expansion de l’Univers alors à son origine, il était particulièrement dense donc chaud. Une chaleur tellement forte qu’il en reste théoriquement une trace dans l’espace aujourd’hui, un peu comme la chaleur résiduelle que l’on sent quand on met la main dans un four éteint depuis peu. Cette idée de fond diffus cosmologique est publiée en 1948 et plus ou moins oubliée jusqu’en 1965. Cette année là, deux chercheurs publient le profil du bruit qui parasite leur antenne lorsqu’ils tentent de communiquer avec le satellite Écho. On se rendra compte alors qu’il correspond en tout point au rayonnement fossile calculé 17 ans plus tôt !
En conclusion, l’expression « Big Bang » ne désigne ni une explosion, ni un commencement. Il s’agit d’une théorie, dont les éléments principaux sont un univers en expansion et une période dense donc chaude il y a près de 14 milliards d’années. Cette théorie a plusieurs fois été confortée par différentes observations. Certains points sont toujours discutés et débattus, mais c’est le principe même de la science, c’est ce qui permet d’améliorer nos connaissances.
Bibliographie :
- Conférence « Peut-on voyager dans le temps » de Étienne Klein à l’Institut de Physique de Rennes (18.03.2008)
- Site « Big Bang ‑ Des origines de l’Univers aux origines de la vie » (www.cnrs.fr)
- Encyclopédie collaborative Wikipedia : Big Bang, Bell Labs,…
- France culture : « Dernière nouvelles de l’Univers » de André Brahic 28.07.2013
- MinutePhysics : « Science, Religion, and the Big Bang » de Henry Reich
- R. Alpher, R. Herman, “Evolution of the Universe”, Nature, 162, 774 (1948).
- G. Lemaître, “Un univers homogène de masse constante et de rayon croissant rendant compte de la vitesse radiale des nébuleuses extra-galactiques”, Annales de la Société scientifique de Bruxelles, 47, 49 (1927)
- Bernard PIRE, « Un atome d’univers. La vie et l’œuvre de Georges LEMAÎTRE (D. Lambert) »
- Encyclopædia Universalis en ligne, consulté le 14 février 2014. URL
- Friedman, A., “On the curvature of space”, General Relativity and Gravitation 31 (12): 1991–2000 traduction de Friedman, A. . “Über die Krümmung des Raumes”. Zeitschrift für Physik 10 (1): 377–386 (1922)
- Planétarium de Rennes Hubble
Pythagore
Dans un triangle rectangle de côtés a, b et c, c étant le plus grand côté alors c multiplié par lui même, c’est à dire c² est égal à la somme a² + b². On attribue la démonstration de ce théorème à Pythagore mais cette formule était déjà connue depuis plus d’un millénaire et sa démonstration pouvant se faire de plusieurs centaines de façons, plusieurs cultures se la sont appropriée indépendamment, la nommant alors différemment.
Les collégiens de nos jours se demandent souvent pourquoi ils doivent apprendre ce théorème qui a traumatisé certains de leurs aînés et qui semble inutile dans la vie courante. Notons même si c’est anecdotique, que les maçons l’utilisent régulièrement. Les outils sont parfois peu pratiques sur de grandes distances, donc le plus simple pour vérifier qu’un angle est droit est de mesurer 60 centimètres d’un côté, 80 de l’autre, si la distance entre les deux points est bien d’un mètre, l’angle est droit ! Mais pourquoi l’enseigner à tous puisque peu de personne auront à construire un mur et même si c’était le cas, inutile de savoir de quoi il s’agit pour l’appliquer ?
Premièrement, le théorème de Pythagore, comme la loi universelle de la gravitation, le nom des planètes du système solaire, les fables de La Fontaine, 1984 ou la recette des crêpes, fait parti d’un ensemble de connaissances qui, seules, n’ont pas forcément d’application concrète mais qui une fois compilées, forment ce qu’on appelle la culture générale complètement inutile, sauf bien sûr, si l’on souhaite avoir plus de charisme qu’un bigorneau cuit.
Deuxièmement, le théorème n’est en fait qu’un prétexte pour apprendre quelque chose de plus important. Il permet de s’exercer simplement a appliquer une règle, sa réciproque ou sa contraposée sur des données et à conclure de façon cohérente. Faire une démonstration rigoureuse permet d’acquérir une méthode de raisonnement et de structurer sa pensée, rien que ça !
Bibliographie :
- http://www.lemonde.fr/culture/video/2013/03/28/macguffin-heros-de-l-ombre-de-milliers-de-films_3149015_3246.html
- Le théorème de Pythagore par Éliane Cousquer
- « Pourquoi apprendre la trigonométrie ? » par Ralph. A. Raimi (Traduction de “ Why learn trigonometry ? “ par Jean-Yves Degos et Virginie Jaussaud.)
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Pythagore
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9or%C3%A8me_de_Pythagore
Les femmes scientifiques
« Une femme mathématicienne, c’est contraire à la nature, un trans. Les femmes artistes ou savantes, sont des dégénérées. Les femmes brillantes ressemblent à des hommes déguisées. Les femmes ayant d’autres talents que ceux de mère ou amante sont le résultats de mutations pathogiques. »
Ces propos vous semblent ridicules, pourtant c’est en substance ce que le neurologue Paul Möbius a écrit il y a environ un siècle ! Pas étonnant avec de telles mentalités qu’il reste encore aujourd’hui un déficit de femmes en sciences.
De nos jours, des initiatives comme par exemple l’« Association Femmes & Sciences », font la promotion des sciences auprès des femmes. Une des clés de la réussite : permettre aux écolières d’aujourd’hui de s’identifier à des modèles.
Marie Curie cannibalise l’attention avec ses 2 prix Nobel mais elle n’est évidemment ni la première ni la dernière scientifique. Nous pouvons citer sa fille, Irène Joliot-Curie prix Nobel de Chimie mais comme ce n’est ni le nom ni le prix qui fait l’icône, citons plutôt Rosalind Franklin. En utilisant ses travaux à son insu, ses collègues masculins ont reçut un prix Nobel pour leur découverte de la structure de l’ADN, ils auraient pu recevoir un prix pour leur goujaterie.
Lise Meitner a eu un rôle majeur dans la découverte de la fission nucléaire en 60 après Albert Einstein elle fut étrangement ignorée par le comité Nobel. Jocelyn Bell a découvert le premier pulsar il y a près de 50 ans, c’est son directeur de thèse qui reçut le célèbre prix. Notons qu’aucune femme n’a été lauréate de la médaille Fields.
Hypatie d’Alexandrie, Sofia Yanovskaïa, Sophie Germain, Julia Robinson, Emmy Noether, Hertha Marks Ayrton, Nicole Le Douarin, Théano, Claire Voisin, Linda Brown Buck, Janet Lane-Claypon, Éva Tardos, Margaret Buckingham, Claudia Alexander, Maude Abbott, Ida Henrietta Hyde, Claudie Haigneré il est possible de lister en vrac de grandes scientifiques pendant des heures. Détailler tout ce que les femmes ont apporter à la science serait aussi absurde que de lister les contributions masculines.
Il reste des progrès à faire pour une plus grande parité en Science mais ce n’est pas exclusif à ce domaine : le sport féminin est sous représenté dans les médias, on entend parfois des réactions misogynes dans l’hémicycle, l’inégalité se retrouve également dans les religions patriarcales,… C’est l’ensemble de la société qui doit évoluer et qui évolue avec des politiques volontaristes et du temps.
Bibliographie :
- http://www.franceinter.fr/emission-la-tete-au-carre-les-femmes-et-la-science-une-vieille-histoire-de-stereotypes
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_femmes_scientifiques
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_de_la_place_des_femmes_dans_les_sciences
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Curie 2 prix nobel
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_laur%C3%A9ates_du_prix_Nobel + autres que nobel
- 0 femme https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9daille_Fields
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Femme_scientifique
- http://www.femmesetsciences.fr/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Claudie_Haigner%C3%A9
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Claudine_Hermann
- http://www2.cnrs.fr/presse/communique/3229.htm
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicole_Le_Douarin
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Lise_Meitner
- http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-emmy-noether-pionniere-et-victime-21457.php
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Hertha_Marks_Ayrton
- http://www.amazon.fr/Des-sorci%C3%A8res-aux-mandarines-Histoire/dp/2702134998
- http://www.nytimes.com/2003/10/20/opinion/no-nobel-prize-for-whining.html
- Remembering Sofya Kovalevskaya, Michèle Audin. Springer, London (2011)